Vianney Duclos, directeur de la maison Badie, cave prestigieuse à Bordeaux
Fondée en 1880, la maison Badie a toujours eu pignon sur rue. Ses 2 magasins, Badie Vins et Spiritueux et Badie Vins de Champagne proposent un très large éventail de choix et une sélection des meilleurs produits. Courtisée par les châteaux et les négociants, Badie s’est fait une place incontournable dans la distribution des vins de Bordeaux mais aussi des autres régions de France et de l’étranger.
Un véritable repaire pour les amateurs dans lequel le bouchon liège est très présent …
Planète Liège: Combien de bouteilles avez vous en stock dans vos 2 magasins ? De quelles provenances ?
Vianey Duclos: Environ 90 000 bouteilles qui représentent environ 2500 références, vins, champagne et spiritueux.
80% sont des grands crus ou assimilés, (second vins, crus bourgeois…) dont la moitié sont des vins de Bordeaux, l’autre moitié provenant de toutes les régions viticoles françaises et étrangères.
PL: Quelle proportion est bouchée liège ? Plastique ? Capsules ?
VD: Pour les vins, d’où qu’ils viennent, c’est du liège en quasi totalité. Seulement 10 références sont capsulées ce qui est très peu, quelques vins allemands et autrichiens sont bouchés en verre et je n’ai pratiquement aucune bouteille avec du plastique. Je rajoute que la majorité des bouteilles sont bouchées avec des bouchons en liège naturel. Bien entendu, tous les portos « portent » du liège !
Côté spiritueux,la plupart de ceux qui sont vieillis sont bouchés avec du liège. Tous les cognacs et les armagnacs, les vieux rhums, les whiskys…
PL: Le bouchage liège est il un critère de sélection pour vous ?
VD: Absolument. Cela correspond à la philosophie du vin .
PL: Vos clients sont ils sensibles au bouchage lorsqu’ils achètent une bouteille ? Est ce selon vous un facteur important pour eux ?
VD: Notre clientèle (en majorité française) est clairement attachée au bouchage liège. Devant une bouteille capsulée, le client va hésiter et préfèrera un vin peut être un peu plus cher mais avec un bouchon en liège. Tendance également notable chez nos clients espagnols qui ne veulent pas de capsule à vis, même pour les rosés…
PL: Vous remarquez donc que les bouteilles bouchées liège se vendent mieux ?
VD: Sans aucun doute. Et ce sera toujours le cas. La capsule aujourd’hui est choisie soit par les « originaux du vin », je pense en particulier au producteur americain Bonny Doon et son vin appelé « Cigare Volant », soit par certains viticulteurs pour des petites cuvées.
Mes fournisseurs ne me proposent quasiment jamais des vins bouchés autrement qu’avec du liège.
PL: Vous ne pensez donc pas que la capsule concurrence le liège ?
VD: Non, car il n’y a rien de mieux que le liège pour le vin. Le BIB (Bag in Box) dans une certaine mesure et pour certains vins, peut être une bonne alternative.
PL: Vous rapporte t on des bouteilles bouchonnées ? Si oui, combien en moyenne ? Comment gérez vous ce problème ?
VD: C’est exceptionnel. Une vingtaine par an. Je remplace la bouteille après avoir goûté le vin avec le client, et je constate parfois qu’il n’y a aucun défaut !
Mais attention, le « gôut de bouchon » à bon dos ! Il est facilement assimilable à tous les défauts d’un vin…. Certains consommateurs se posent en connaisseurs en disant « ce vin est bouchonné » alors qu’ils n’y connaissent pas grand chose… et personne ne relève pour ne pas paraître encore plus ignorant ! Le bouchon est une cible trop facile. Nous sommes beaucoup plus fréquemment confrontés à des vins fermés qu’à des vins bouchonnés. Une bouteille vraiment bouchonnée est rare et c’est la « faute à pas de chance » !
PL: Votre premier réflexe quand vous ouvrez une bouteille de vin ?
VD: La boire ! Le rituel du débouchage est important et parfois une source d’angoisse… Mais ça fait partie du plaisir ! Parfois même, on n’a pas envie de jeter le bouchon.
PL: Le rapport entre le liège et le vin ?
VD: Charnel, éternel ! L’un ne va pas sans l’autre…
PL: 3 mots pour qualifier le liège ?
VD: Naturel, nécessaire, élégant.