Le liège & le chêne liège
Le chêne-liège (Quercus Suber) est un arbre unique en son genre car son écorce, le liège se régénère une fois extraite. Cette délicate opération d’écorçage, confiée à des spécialistes, sera répétée tous les 9 ans, période durant laquelle les arbres ne seront jamais coupés ni endommagés.

Antonio Costamante, initiateur du projet "Save Cork"

Cork est le nom d’un magnifique bateau à voile de 20 mètres construit dans les années 70 en Italie dont le nom et l’histoire sont intimement lié au liège depuis son baptême… « Save Cork Project » a pour but de restaurer ce yacht mythique et de promouvoir à travers lui l’utilisation d’éco-matériaux dans la grande plaisance ainsi qu’un concept de navigation plus écologique. Explications d’un passionné de voile et de liège !

Planète Liège : Pourquoi ce bateau s’appelle t il Cork (liège en anglais) ?
Antonio Costamante : J’ai été skipper de nombreux étés sur ce voilier. Si tous les bateaux ont une âme, celui ci renferme l’énergie de son propriétaire Cesare Rotelli, fils d’un cordonnier italien qui a gagné beaucoup d’argent grâce au liège dans les années 70 ; il fabriquait et vendait des semelles en liège pour les chaussures à talons compensés ultra tendance à l’époque. Il a ainsi pu réaliser son rêve : s’offrir un beau bateau à voile, à la fois classique et moderne, qu’il a donc baptisé Cork.
En 1974, Cork est sorti du chantier de Sciarrelli, architecte naval avant gardiste très connu en Italie. Une des ses particularités ? La coque et le pont sont isolés grâce à des panneaux d’aggloméré de liège… procédé qui n’avait jamais été mis en œuvre jusque-là dans le milieu nautique. Résultat, une température toujours agréable à l’intérieur malgré la chaleur torride des étés mediterannéens ! Cork porte donc doublement bien son nom !

PL : Cork a connu des heures de gloire ?
AC : Ce bateau a sillonné la mer Meditérannée de part en part et son élégante silhouette était connue de tous les amoureux du nautisme. Son design était particulièrement innovant et esthétique. Il y avait même des pièces très artistiques à bord ! Le très select Yacht Club Costa Smeralda de Porto Cervo en Sardaigne était son port d’attache.

PL : En 2009, vous retrouvez ce bateau laissé à l’abandon, quelle a été votre réaction ?
AC : J’avais beaucoup aimé naviguer à bord de Cork, ce bateau a volé une partie de mon âme alors j’ai décidé de le « sauver ». Je suis un romantique ! J’ai contacté la famille, le propriétaire qui avait alors 95 ans n’avait jamais voulu le vendre. Avec 2 amis passionnés comme moi, Michele Lucchini et Massimo Devoto (AIM Yacht Interiors), nous avons trouvé un accord à un prix symbolique. En janvier 2010, nous l’avons remis à flots pour pouvoir le convoyer vers le Cap d’Agde où nous avions la possibilité de mettre à sec dans un chantier. Nous avons alors mis au point le projet « Save Cork ».

PL : Quelle est la philosophie et le but de « Save Cork Project » ?
AC : L’objectif est double. Le premier consiste à sauvegarder une œuvre d’art du yachting, le second à promouvoir et à développer l’utilisation de matériaux écologiques sur les bateaux et dans l’univers de la grande plaisance. Le but est à la fois d’améliorer la qualité de la vie à bord des yachts tout en contribuant à protéger notre environnement.

PL : Le liège sera donc largement utilisé dans la restauration de Cork ?
AC : Absolument, le liège est déjà présent sur le bateau. Cork est probablement le premier yacht à bord duquel le liège fut utilisé pour l’isolement thermique rendant ainsi totalement superflu l’installation d’un système de climatisation. Aujourd’hui encore, le liège mis en place en 1974 est en bon état, c’est dire la résistance de ce matériau !
Nous projetons également d’utiliser du liège pour isoler la salle des machines, les cloisons et les planchers. On imagine même mettre au point des tuyaux en aggloméré de liège qui remplaceraient ceux en néoprène, matériau polluant. Question esthétique, nous voudrions utiliser le tissu de liège pour l’aménagement intérieur mais aussi pour le taud qui protège du soleil. Nous sommes en train de faire travailler des architectes très connus dans le milieu du luxe sur des projets à base de tissu de liège. Il faut donc militer pour que cette pratique se généralise car personne ne parle vraiment de liège dans le milieu de la plaisance de luxe.

PL : Le liège a donc beaucoup d’avantages pour la construction navale ?
AC : Bien sûr ! Le liège est léger, il flotte, il est imperméable, imputrescible… c’est formidable !

PL : In fine, que voulez-vous faire avec Cork ?
AC : Nous voudrions que cet ambassadeur de charme devienne aussi un véritable témoin technique d’utilisation de matériaux écologiques et de technologies propres…Nous cherchons des partenaires, une ou plusieurs entreprises intéressées à lier leurs noms et leurs images à Cork et à la philosophie du projet. Nous voulons restaurer ce bateau, puis le faire participer à des régates prestigieuses. Cork sera alors un support de communication exceptionnel pour son ou ses sponsors.

PL : Vous pensez à des entreprises dans le secteur du liège ?
AC : Oui bien sûr, cela nous semble logique. Nous en avons approché et nous continuons d’avoir des contacts. Nous avons ensuite beaucoup d’idées pour mettre en valeurs nos sponsors…Nous nous démenons pour avoir tous les jours un peu plus de visibilité. Nous avons créé de jolis porte-clés en forme de bouchon de liège « SAVECORK K-RING® » à l’attention des entreprises qui nous soutiennent mais aussi pour tous ceux qui pourraient les utiliser comme objet promotionnel pour leurs clients… Nous pensons bien sûr aux négociants car ces porte-clés véhiculent les valeurs communes du liège et du vin de qualité ainsi que celles du yachting… Les châteaux, par exemple, pourraient communiquer sur le fait qu’ils n’utilisent que des bouchons en liège pour leurs vins, moins énergivores et polluants que les autres obturateurs.

PL : Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
AC : Principalement un manque de temps et les moyens de communiquer plus, et plus efficacement… Si je connais parfaitement le mileu de la grande plaisance, je suis moins familier de celui du liège et il faut du temps et de la perséverance pour sensibiliser les gens à notre projet et aux valeurs du nautisme.

PL : Quels messages souhaitez vous faire passer à ceux qui vont vous lire ?
AC : Aidez nous à sauver ce bateau et la planète ! On a tous beaucoup à faire dans ce domaine. Les professionnels du nautisme sont crédibles et peuvent largement contribuer à défendre l’utilisation du liège. D’autre part tous ceux qui navigueront à bord de Cork et seront en train de déguster un bon vin (bouché liège évidement !) pourront confirmer que le liège est décidément un matériau noble et génial ! Nous avons fondé l’association « Save Cork » pour que tous ceux qui veulent s’impliquer de près ou de loin dans ce projet le puissent.

PL : Le liège , un matériau d’avenir ?
AC : Définitivement oui ! Je sais qu’il est utilisé pour fabriquer des écrans d’isolation thermique pour des missiles et autres usages dans l’industrie aéronautique…

PL : Pour conclure, le liège en 3 mots ?
AC : Noble. Belle texture douce et agréable. Flottant.

Liens

Site de Save Cork