Inga Sempé, designer
Etoile montante du design français, Inga Sempé (43 ans) est l’auteur de nombreux projets aussi divers que variés, allant du mobilier aux luminaires en passant par de petits objets du quotidiens… Récemment récompensée pour l’ensemble de son travail, elle remporte le prix international du meilleur designer décerné par les magazines Elle Décoration. Elle collabore tout au long de sa carrière avec les plus grandes entreprises italiennes, françaises ou suédoises (Luce Plan, Cappellini, Edra, Ligne Roset, Wästberg…). Inga Sempé vient de créer « Torno » un très bel ensemble de coupe et plateau en liège, édité par Matéria au Portugal qui a été présenté en avril dernier au Salon de Milan.
Elle nous en dit plus long sur cette expérience.
Planète Liège: Comment est né ce projet ?
Inga Sempé: C’est Experimenta, une association très active au Portugal, chargée d’évènements autour du design, et également de mettre en rapport designers et entreprises au Portugal qui a demandé à différentes personnes (10 designers en majorité portugais) de dessiner des objets pour le leader mondial du liège Amorim.
PL: Pour quelles raisons ?
IS: Amorim a eu envie de montrer la beauté et l’intérêt de ce matériau en éditant des objets qui mettent en valeur celui-ci dans des domaines rarement exploités pour le liège; c’est intéressant de le sortir le liège de ses usages habituels que sont les bouchons.
PL: Qu’est ce qui vous a séduit dans cette proposition ?
Précisement d’utiliser un métariau que je n’avais jamais eu l’opportunité de travailler.
PL: C’est donc la première fois que vous travaillez avec du liège ?
IS: Oui et j’ai en fait aimé m’immerger dans ce matériau pour lequel j’avais des a-priori dus à une overdose d’obejts kitsch des années 70, qui l’avaient un peu rabaissé dans mon estime.
PL:Quelles sont en général vos sources d’inspiration ?
IS:C’est la vie quotidienne, les fonctions et les systèmes qui m’intéressent. Je pars toujours de l’idée d’un usage particulier pour dessiner un objet .
PL: Plutôt objet ou mobilier ? Que préférez vous faire ?
J’aime changer d’échelle, de matériau de fonctions donc je n’ai pas vraiment de préférences, même si je suis plus attirée par ce qui n’est pas gigantesque. C’est l’échelle de la main que je préfère plutôt que celle du corps.
PL: La matière est-elle déterminante dans la création ?
IS: Non, sauf si le matériau m’est imposé comme dans ce cas je pense à la fonction, à un système, et ensuite, je trouve le matériau adapté.
PL: Quels sont les atouts majeurs du liège pour un objet ?
IS: Cela dépend de quel objet. Pour ceux que j’ai fait, les atouts étaient la légèreté, les qualités phoniques : quand on jette ses clefs dedans, il n’y pas de sons dérangeants et sa texture, la douceur de son toucher est proche du daim.
PL: Recommencerez-vous à utiliser du liège ?
IS: Oui car j’ai d’autres projets pour son utilisation, très industriels, que j’aimerais développer (chut, secret industriel justement!)
PL: A votre avis le liège, a t il aujourd’hui une place dans l’univers du design ?
IS: Oui si celui-ci est intelligemment utilisé. Et puis comme il est renouvelable, il intègre certaines qualités écologiques que d’autres prétendent avoir, sans que cela ne soit le cas.
PL: Pour conclure, le liège en 3 mots ?
IS: Léger, souple, surprenant
PL: Question subsidiaire …Aimez vous le vin ? Si oui, êtes-vous attachée au bouchon de liège ?
IS: Oui j’aime assez le vin, mais surtout plastique et vin me semblent totalement antinomique. Puis c’est révoltant, le plastique quand il n’est pas nécessaire.